L. Ici, figure une prière accompagnant le revêtement des mains, appelant les gants des « vêtements de justice et de joie » qui signifient la pureté d'âme avec laquelle le célébrant se présente devant Dieu 30 . Le gant, qui couvre par son humilité les bonnes oeuvres que les mains doivent pratiquer, apparaît à l'époque carolingienne, malgré les prétentions d'apostolicité que l'on rencontrera plus tard 31 . Une des premières occurrences est l'Ordo I, envoyé par Étienne II aux églises de France à la demande de Pépin. Il décrit le rite de consécration des évêques et prescrit de donner, après l'Évangile, les sandales et les gants 32, un missel du IX e siècle (Missa Illyrici), vol.29

, La main violente Un des premiers textes à faire usage de l'expression imagée de « mains violentes » est le fameux canon Si quis suadente (C. 17, q. 4, c. 29), adopté par Innocent II en 1139 au second concile du Latran (can. 15) 36 . Il frappe d'anathème quiconque, « à l'instigation du diable », se livrerait à l'action sacrilège de frapper un clerc ou un moine

P. Grégoire, Syntagma universi iuris, vol.41, p.12, 1611.

H. Leclercq and . Gants,

, Autun affirme au XII e siècle que « Chirothecarum usus ab apostolis traditus est » (De gemma animae, I, 225, PL 172, 609)

. Selon-michèle and . Beaulieu, Nous n'avons pas trouvé l'occurrence chez Michel Andrieu, Les Ordines romani du haut Moyen Âge, t. 2, Les textes (Ordines I-XIII), vol.4, p.138, 1948.

, Ordo XIII), mais jamais noirs, car l'évêque ne porte pas de gants le Vendredi Saint, ni lors des offices des morts. Le Cérémonial des évêques de Clément VIII dispose que l'évêque n'usera pas à ces messes de sandales ni de gants, vol.II

X. Barbier-de-montault, Le costume et les usages ecclésiastiques selon la tradition romaine, t. 2, Paris, Letouzey et Ané, s.d, p.268

P. Martinucci, Manuale Sacrarum Caeremoniarum, VI, 25, cité par Xavier Barbier de Montault, op. cit, p.268

, L'expression se trouve déjà dans des conciles locaux préparant le concile général, cf. concile de Reims de 1131 (can. 13), concile de Pise de 1135 (can. 12), cf. Mansi, vol.21, pp.461-490

, manum mittere) sur un consacré. La glose précise qu'il en va de même pour l'usage du pied, ou, plus curieusement, du crachat ou de l'arrosage d'eau (v° Manus), mais écarte le déchirement des vêtements, sauf à ce qu'il constitue une violence faite à la personne. Cette expression de manus violentas est reprise dans la décrétale Non dubium d'Alexandre III (X, 5, 39, 5), ainsi que dans les partes decisae de la décrétale Nuper d'Innocent III (X, 5, 39, 29)

, Le 4 e concile de Tolède, tenu en 633, porte une peine de suspense perpétuelle pour tous les évêques, prêtres, diacres ou clercs de quelque ordre qu'ils soient, qui ont recours à des aruspices, des devins, des mages, des sorciers « ou tous ceux qui exercent semblablement », ce qui comprend les chiromanciens 40 . Ce texte, passé dans le Décret de Gratien dans une question consacrée aux sortilèges (C. 26, q. 5, c. 5), aura une longue postérité de réprobation du recours aux astrologues. Le pape Alexandre III, par la décrétale Ex tuarum (X, 5, 21, 2), tempère légèrement la peine en permettant une suspense provisoire, expliquant que « la droite est plus sûre que la gauche » et qu'il y a « plus dans la miséricorde que dans la sévérité, La main magique Le droit canonique a eu aussi à régler des hypothèses de magie pratiquée par la main, à savoir tant la main qui opère l'acte magique

J. Pontas, Dictionnaire des cas de conscience, t. 2, 2 e éd., Paris, 1724, col. 303, qui pose le cas d'un clerc échauffé ayant attaqué un autre clerc à coup de bréviaire, pour savoir s'il mérite l'excommunication

, Boniface VIII fut accusé (sans preuve) d'être un sorcier démonolâtre, portant le jour de son couronnement une bague magique renfermant un démon privé, cf. Agostino Paravicini Bagliani, Boniface VIII. Un pape hérétique ?, p.351, 2003.

L. Ferraris and . Superstitio, Prompta bibliotheca canonica, Halle-Francfort, 1784, t. 7, vol.20, p.296

, Cette assimilation de tous les ensorceleurs et enchanteurs est générale, et se retrouve par exemple dans un édit de l'Inquisiteur général du comtat Venaissin, cf. Pierre-Toussaint Durand de Maillane, « Inquisition », Dictionnaire de droit canonique et de pratique bénéficiale, p.356, 1776.

, Les livres contenant ces moyens de prédire l'avenir sont absolument à rejeter et à abolir, et ceux qui contiennent ces « exécrables superstitions » sont interdits, sous peine de censure. La IX e règle de l'Index de Trente détaille les livres prohibés du fait de la superstition, dont la chiromancie. Elle est reprise par l'art. 12 de la constitution Officiorum ac munerum de Léon XIII, Repertorium Inquisitorum prauitatis haereticae in quo omnia, quae ad haeresum cognitionem ac S. Inquisitionis forum pertinent, continentur, Venise, apud Damianum Zenarum, 1575, p. 268. terrae du 5 janvier 1586 42, vol.25, p.45

. ***,

, Telle est l'idée qui ressort de la Bouche de la vérité de Santa-Maria-in-Cosmedin, qui est réputée couper la main du menteur. Les juristes ne s'y sont pas trompés. La glose ordinaire, sur le mot dexteras (VI, 1, 6, 17), explique que par droites il faut entendre mains droites. Or, ajoute-t-elle, la droite est « gage de paix et témoin de foi », et la main droite tire son nom de dextera des mots dans extra, donnant par surcroît, les dons étant présentés par les mains. Jean d'André ajoute à cette étymologie hasardeuse, mais riche de sens, une référence biblique, le dextras dederunt mihi, mains droites tendues à Paul et Barnabé par Jacques, Pierre et Jean, « ces colonnes, en signe de communion » (Gal. 2, 9). La droite, c'est aussi la main de Dieu, la Dextera Dei, Ce bref aperçu de règles juridiques variées, dans le temps et dans l'espace, montre à quel point la main est présente dans le droit canonique. Étant l'instrument le plus usuel de l'action des hommes, et l'un des signes les plus communs de l'action de Dieu, vol.46

D. Bullarium and . Sanctorum, , pp.646-650

A. Boudinhon, La nouvelle législation de l'Index, 2 e éd, p.121, 1924.

E. De and V. , Somme de la théologie morale et canonique, 2 nde partie, vol.3

J. Thiers, Traité des superstitions selon l'Écriture sainte, les décrets des conciles et les sentiments des saints Pères et des théologiens, vol.1712, p.222

J. Baud and L. De-la-main-volée, Une histoire juridique du corps, Seuil (Des Travaux), p.96, 1993.