, qu'une lettre de septembre 1771, consistant en un jugement littéraire dans lequel

, Épinay, prise d'abord pour arbitre, reçoit le correctif de son interlocuteur (ce cas de figure a été observé à de très fréquentes reprises dans la correspondance entre Diderot et

S. Volland, Il y apparaît que le philosophe reçoit avec intérêt le jugement de sa « belle amie » sans lui ménager ses critiques. Il s'agit de juger, avant son insertion dans la Correspondance littéraire, du compte rendu enthousiaste qu'elle vient de rédiger de l'Éloge de Fénelon par La Harpe : Vous permettez donc, Madame, qu'on ajoute quelques mots au jugement que vous venez de porter de l'Éloge de Fénelon par M

. Relisez, et vous sentirez combien il y a peu de ressort au fond de cette âme (?)

, Pour Dieu, mon amie, abandonnez-moi les poètes et les orateurs. C'est mon affaire. J'ai pensé envoyer votre analyse sans correctif. Est-ce là de l'éloquence ? C'est à peine le ton d'une lettre (?). (Versini, pp.1085-1086

, Est-ce à dire qu'il cantonne Mme d'Épinay dans l'analyse de textes mineurs (ainsi, par exemple, des discours écrits en forme de « lettre ») ? Sa lettre à son amie se poursuit d'ailleurs symptomatiquement par un appel, sous forme de prosopopée, à La Harpe lui-même, puis à l'abbé Arnaud, autre critique (directeur du journal étranger à cette époque ?), enfin aux lecteurs même de la Correspondance littéraire, qu'il prend à témoin du manque de sensibilité du critique incriminé (« il devrait se mettre pour quelques années à l'école de Jean-Jacques »), ainsi que de son écriture pompeuse : « et vous verrez que, pour louer convenablement Fénelon, il fallait s'interdire tout mouvement oratoire » (ibid, On retiendra de ce passage la diplomatie dont fait preuve le philosophe avec Mme d'Épinay, et l'effort qu'il opère pour la mettre de plain-pied avec lui-même dans la tâche critique qui les occupe, p.1087, 1766.

, Seule Mme d'Aine semble posséder un jugement sain surgi ex nihilo ainsi que, à de certaines occasions, la jeune et naïve soeur de Sophie, Marie-Charlotte Legendre, qu'il surnomme affectueusement, et presque ironiquement, « Uranie » (muse de l'astronomie !). L'intelligence féminine relève en général selon lui d'une simplicité, d'une authenticité, voire d'une surnaturalité qu'il ne s'explique pas vraiment. La femme à laquelle rêve le philosophe est, comme le note bien Paul Hoffmann, un « être de fiction », et nous pourrions également ajouter, un « androgyne de fiction » -comme est de fiction la Nature à laquelle il se réfère en rêvant d'un style inné, spontané, proche du coeur, dans lequel aurait infusé une forme de sagesse miraculeuse 22 . On remarque en effet, jusqu'à un certain point, que le langage qu'il emploie lui-même à l'intention de ces femmes, pour l'échange intellectuel avec des femmes, on reconnaîtra l'importance de ce paradigme promu selon lui à un avenir certain dans la recherche d'une poétique philosophique

, On soulignera enfin, encore avec Stéphane Pujol, le fait que la Révolution mit bientôt fin à cette utopie d'une langue et d'une relation au savoir purement féminines, en faisant disparaître la société de loisirs qui avait érigé la conversation de salon en art et en modèle

, échec est plus profond et plus simple : Tahiti -c'est-à-dire la Nature -est impensable. La Nature avait cru constituer une référence absolue, Diderot et le parler d'amour, p.225, 1984.

, Et pourtant, comme l'a souligné Diderot, n'est-il pas vrai que Jean-Jacques lui-même avait su perdre « bien des moments aux genoux des femmes », et qu'il n'avait donc pas le monopole du coeur ?, sa lente et injuste descente aux enfers