Anne-Marie Favreau-Linder « Diatribè, quelques jalons dans l'histoire d'un mot controversé » Résumé : Le terme diatribai apparaît dans les catalogues d'écrits que Diogène Laerce attribue à des philosophes de différentes écoles. C'est également le titre que portent les manuscrits d'Arrien consignant les propos tenus par Épictète dans le cadre de son enseignement. À partir de ce terme, les savants modernes ont conçu un genre littéraire antique, la diatribe, auquel ils ont rattaché un grand nombre d'oeuvres très diverses tant grecques que latines. L'historiographie de cette dérive a été très bien retracée par Pedro Pablo Fuentes González (1998, 2015 : 127-173), mais ce sont les traces d'Halbauer (1911 : 3-10) que je suivrai ici pour revenir sur l'origine du terme et le sens de ses premiers emplois dans la littérature grecque. Cette enquête lexicale s'arrêtera plus particulièrement sur le début du IV e siècle, où le nombre d'occurrences du substantif se multiplie chez deux auteurs, Platon et Isocrate. L'hypothèse que je formule est que la récurrence du mot chez ces deux auteurs n'est pas fortuite : le terme diatribè est employé avec d'autres termes, notamment celui de philosophia, pour désigner et légitimer l'activité intellectuelle que ces deux hommes ont pratiquée et enseignée. Il reflète les mutations du système éducatif à Athènes et les rivalités entre les programmes proposés par ces écoles nouvelles.