A Relation of the Great Sufferings and Strange Adventures of Henry Pitman, récit publié à Londres en 1689, narre les pérégrinations en Caraïbe d’un quaker déporté aux colonies anglaises de l’Amérique après l’échec de la rébellion du duc de Monmouth en 1685. Or, ce témoignage de première main navigue chronologiquement et thématiquement entre les révolutions anglaises du XVIIe siècle. De la première révolution – appellation alors anachronique, puisque l’on parle à l’époque tantôt de Commonwealth ou d’Interrègne et de Grande Rébellion, selon le point de vue –, à la seconde, la Glorieuse Révolution de 1688-1689 – qui permet à Pitman de publier ses souvenirs –, le récit de Pitman s’inscrit entre divers pôles de rupture de l’histoire anglaise du XVIIe siècle, en fonction des aventures de l’auteur lui-même, ou des divers personnages qu’il rencontre au fil de celles-ci. Des figures marquées de radicalisme politique et/ou religieux émergent, quoique l’auteur soit généralement assez discret pour ne pas trop en dire et préserver l’anonymat de ceux qu’il croise : des pirates favorables à Monmouth, un Indépendant élu gouverneur par ses pairs et non nommé par la couronne d’Angleterre ou des seigneurs-propriétaires de colonies, tous relèvent plus ou moins de la nébuleuse dissidente complexe et variée qui se développa, parfois avec succès, hors de l’Eglise d’Angleterre. La notion de rupture avec les autorités, quelles qu’elles soient, semble un élément crucial du texte, complétant de manière significative sa dimension de récit d’épreuve.