Restaurer au XIXe siècle (I). Actes de la table ronde de 2010
Résumé
La discipline de l’histoire de l’art peine à intégrer pleinement le mot “production” qui touche à l’artisanat comme à l’industrie. Les logiques de la production artistique sont envisagées ici par autant de médiévistes que de modernistes et contemporanéistes, tant les découpages chronologiques habituels sont des horizons à dépasser. Les axes de recherche du plan quadriennal 2008-2011 du Centre d’Histoire Espaces et Culture de l’université Blaise Pascal, de même que ceux du prochain contrat quadriennal, témoignent de cette volonté de franchir les limites conceptuelles et chronologiques imposées par la tradition disciplinaire.
La restauration d’oeuvres d’art et d’édifices produits à la période médiévale suppose de s’interroger à propos de leur authenticité qui ne peut être prédéfinie comme originelle. Les processus de transmission, de conservation et de valorisation n’étant aucunement innocents, il a paru important de réunir des interventions amorçant un dialogue avec des chercheurs privilégiant, un temps, la “production artistique” à celle de la “création artistique”. Créer suppose la valorisation du fait individuel, la promotion permanente et l’autocélébration habituelle des élites. Produire revient à rééquilibrer, en traitant du collectif, sans oublier le fait individuel, en assurant une place à l’équipe, l’atelier, les qualifications et les intelligences partagées.
Restaurer suppose aussi la conscience de la disparition d’un monde, de sa lente destruction ou défiguration. L’entretien seul n’est plus possible et la production d’oeuvres restaurées doit être assumée. À ce titre, le xixe siècle est une période exemplaire durant laquelle on mesure les conséquences de la Révolution et de l’avènement de l’industrie.