Contexte : la sarcopénie est un facteur de risque connu de mauvaise évolution dans la maladie néoplasique, en particulier dans la population des patients affectés de cancers ORL, qui sont volontiers sujets à des difficultés alimentaires et une dénutrition. La méthode la plus courante pour la définition de la sarcopénie est la mesure de la masse musculaire sur un examen TDM. La radiomique est une méthode automatisée d’analyse de l’image, qui a démontré ses performances de caractérisation lésionnelle et pour l’établissement de critères pronostiques, notamment dans les pathologies néoplasiques. Néanmoins, la radiomique n’a jamais été appliquée à l’exploration des muscles axiaux dans le pronostic des néoplasies ORL. Objectif : notre objectif était de rechercher des facteurs pronostiques de survie, de toxicité et de réponse au traitement dans le cadre des carcinomes épidermoïdes de la sphère ORL, à l’exception des localisations naso-pharyngées et naso-sinusiennes, en s’appuyant sur les données issues de l’analyse par radiomique des muscles paravertébraux au scanner, en complément des analyses classiques de sarcopénie. Matériels et Méthode : nous avons inclus rétrospectivement 71 patients pris en charge pour un cancer ORL localement avancé au CHU de Clermont-Ferrand entre juillet 2009 et janvier 2018, et traités par chimiothérapie d’induction. Une analyse du scanner baseline de ces patients a permis d’extraire une image à l’étage L1, permettant la segmentation manuelle des muscles paravertébraux. Les paramètres de texture ont été extraits à l’aide du logiciel LifeX, et n’ont été conservés que les paramètres invariables en fonction du temps d’injection et les paramètres avec une forte reproductibilité intra-observateur. Une analyse statistique a été menée pour chercher des liens entre ces paramètres et la survie, la toxicité et la réponse. Résultats : un total de 31 paramètres de radiomique a été conservé pour analyse. Notre étude a montré une relation statistiquement significative entre deux paramètres de radiomique (surface musculaire, et somme des densités des muscles paravertébraux), et la survie (régression de Cox, p = 0,007 et 0,009 respectivement), et ce de façon plus discriminante que les mesure classiques de sarcopénie. Les deux paramètres de radiomique permettent en effet de séparer la population en deux sous-groupes de survie différentes (test du log rank, p = 0,02 et 0,005). Trois paramètres de radiomique (déviation standard et deux paramètres de second ordre) sont significativement différents selon la toxicité. Aucun des paramètres de texture n’a montré de lien statistique avec la réponse au traitement. Conclusion : nous avons pu mettre en évidence des paramètres de radiomique du scanner des muscles paravertébraux qui sont significativement liés à la survie et à la toxicité des néoplasies ORL, et de façon plus discriminante que les paramètres de sarcopénie.